Rien ne se perd

Quand un ami nous annonce qu'il a rapporté de Chine plusieurs sortes de pâtes, on ne s'attendait pas du tout à trouver des pattes dans le lot. Ô joie des homophones. En France les pattes de poulets sont souvent jetées, mais après tout les déchets des uns font le bonheur des autres, même s'ils sont répugnants, gluants et inutiles (les dechets, pas les gens, ... quoique ...). On en profite pour passer le bonjour aux brocanteurs et chineurs qui nous lisent.

Elle est où la poulette ?

Passée la surprise on se demande vraiment comment manger ces pattes, qui ne doivent pas porter chance, en tout cas pas aux pauvres gallinacés sacrifiés. La dernière fois que j'ai croisé ce met, c'était il y a fort longtemps. Quand vous tombez nez a nez avec un plein saladier de pattes crues trônant au milieu d'une cuisine commune, vous ne cherchez pas à comprendre et fuyez. C'est moins violent qu'une tête de cheval dans son lit mais tout de même perturbant. Du coup, on pensait qu'il fallait les préparer, en les faisant griller à la poêle par exemple. En fait, celles que l'on nous a si gentiment données sont déjà cuites, assaisonnées et malheureusement prêtes à être dégustées.

Hey Eddy ! I'm a magic bird ! Woooo ! A spooky dead magic birdy !

"Chanceux" que nous sommes, nous avons un grand paquet et trois petits sachets de la marque Yuyu. Avec une telle marque, on espère que ça ne va pas remonter une fois descendu. Dans les deux cas, la recette est la même, des morceaux de tarses de poulet, tarsométatarses et "doigts" partiels ou complets : phalanges griffes incluses, carpes, métacarpes, ... assaisonnés avec des petits piments verts. L'emballage est vraiment du chinois pour nous, nous n'aurons donc pas plus de détails sur la composition.

Deux doigts coupe-faim

Peau écailleuse par endroits et granuleuse à d'autres, ongles, et morceaux d'os parfois tronçonnés, ce snack n'est vraiment pas appétissant. Les petits sachets contiennent seulement deux extrémités de patte, à emporter partout avec soi. L'expression deux doigts coupe-faim prend tout son sens.

Mon petit doigt me dit que ce n'est pas fameux

Ce poulet ne doit pas s'être lavé les doigts car l'odeur n'est pas très alléchante. Le poulet passe assez inaperçu, au profit de l'odeur du piment, assez forte, cumulée à un petit je-ne-sais-quoi désagréable, qui n'est pas sans rappeler d'autres snacks épicés chinois que l'on a déjà goûtés, On a un peu l'impression que le piment est utilisé pour masquer une odeur plus dégoûtante. On espère que Yuyu a quelques notions d'hygiène et de règles sanitaires.

Heureusement pour nous, le piment est antiseptique et antibactérien, ce qui d'ailleurs explique son utilisation dans la cuisine de certains pays chauds où la conservation des aliments est difficile. Niveau quantité on est gâté, il y a presque autant de piments que de morceaux de poulet. Leur goût de base est sans surprise, un classique petit piment vert, mais il a un peu pris le jus et le goût de viande de poulet. Le mélange est assez étrange, et aussi paradoxal que cela semble, le piment a plus un goût de poulet que les morceaux de poulet eux mêmes.

La triste fin d'E.T

La peau est élastique et un peu croquante. On a l'impression de mordre dans un bout de gras autour des os de certaines viandes, mi mou mi croquant. Cette texture n'est ni agréable à croquer ni même agréable à mâcher. C'est assez piquant, suffisamment pour en rebuter plus d'un. Il n'y a pas vraiment de goût, on ne sent presque que le piment. Après tout, ce n'est que la peau, la viande à l'intérieur doit être meilleure et mieux refléter le goût du poulet. C'est vrai, mais encore faut il la trouver cette viande. Entre l'os et le cartilage, il n'y a plus beaucoup de place pour le reste. Il y a tellement peu à manger qu'on ne s'étonne plus que les Chinois soient aussi maigres. La consommation en est du coup vraiment fastidieuse.

 

Verdict :

Giraf

 ★☆☆☆☆ 

Il faut vraiment aimer ronger les os et supporter la texture très particulière de la peau. Les piments eux sont corrects, c'est toujours ça de pris. Étrangement, très peu de mes collègues ont goûté quand j'en ai ramené au boulot. Le plat idéal à apporter quand vous allez chez votre belle famille. Un snack original pour les occidentaux que nous sommes mais qui ne mérite pas plus d'un simple jambon de poulet.

Kephy

 ★☆☆☆☆ 

Quel plaisir d'avoir des amis soucieux de trouver matière à remplir ce blog... Goûtées devant une dizaine de convives tournant au champagne et au foie gras, ces pattes feraient presque regretter d'être connu pour aimer la nourriture insolite. Finalement, cette expérience aurait presque pu être pire : si la texture est désagréable et l'aspect répugnant, le goût est quasiment inexistant. L'épreuve est finie d'autant plus vite qu'il n'y a rien à manger en dehors de la peau. Un élément de plus à ajouter dans la liste des choses faites et plus à faire, qui n'obtient qu'un jambon de poulet.

Gustarator

 ★★☆☆☆ 


Les pattes sont fermes et sèches. Ajouté au fait qu'elles aient peu de viande, leure consommation devient en pénible. La touche pimentée relève le goût, mais pas suffisamment pour que j'en reprenne régulièrement. J'aurais été bien plus motivé si elles avaient été saucées comme j'ai pu en essayer auparavant (elle étaient chaudes entre autres, ce qui les attendrissait). Je n'en donnerai donc pas plus qu'un jambon de bronze.

PS : Trouvable quelque part en Chine, merci à Jérôme et Xi.

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Pour un article lu, trois offerts :

11 réponses à “Rien ne se perd”

  • PinkBanana:

    Je ne sais pas si c’est une spécialité asiatique mais un jour lors d’un repas de famille , ma grand mère nous a cuisiné des pattes de poulets :p
    Je dois avouer que ça m’avait répugné au final c’était ma mère qui m’avait forcé à y gouter :s je me souviens qu’elle avait mis du gingembre et de la sauce soja, c’est surement une autre recette que ceux que vous avez pu gouter

    • Oui n’importe qui avec un poulet peut en avoir l’idée.
      Par contre on en avait jamais vu en utilisation snacks, format poche, déjà préparées, et prêtes à être mangées telles quelles (froide).

  • « on ne s’étonne plus que les Chinois soient aussi maigres »

    Pardonnez-moi l’expression, mais WTF ?

    En tout cas ces snacks sont tres repandus, et mes amis (non maigres au fait) du sud de la Chine en sont tres friands. Moi je prefere les ailes de poulet vendues sous le meme format, ou mieux encore, les cous de canard vendus dans les echoppes-snacks. Je n’ai pas eu le coeur de manger les pattes… servies entieres.
    C’est comme les graines de tournesol en fait : tu passe plus de temps a te battre avec le machin qu’a vraiment manger…

    • Heureusement que je suis repassé derrière pour modérer les propos de Giraf, le texte original disait « rachitiques » :p
      Il a tenu à laisser cette phrase, ça n’engage que lui ^^

      Les ailes et le cou sont-ils cuisinés pareil ? A savoir pas du tout grillé, à peine cuit pour qu’on profite bien de la peau ?

      • Rohh mais laissez moi caser des clichés 😀

        Les snacks chinois de canard que l’on a eu étaient bien plus cuisinés.

      • Ben en fait les ailes non plus ne sont pas grillees, plutot bouillies dans des epices et puis vaguement sechees je dirais… la peau est molle et caoutchouteuse. Le tout est assez sec, pas avec autant de « sauce » que le snack du lien de Giraf !
        Le cou n’est pas du tout pareil, il se vend (relativement) frais, c est a dire cuisine sur place. On l achete a emporter et on grignote en marchant ou devant la tele. La peau est tres tres fine, quasiment absente; pour contre il y a plus d os que de viande.

        PS : Giraf -> c est celui qui le dit qui l’est ! Ah mais attend voir… jaune et maigre… mais oui, c’est bien une giraf(e) :p

  • Tonton Frankie:

    Les jeunes cowboys aiment mieux la patte de la biche…

  • yannick:

    Jconfirme c’est un spécialité asiatique :), ma mere les méttais dans un bocal de vinaigre me semble, et on les mangés 2-3 mois plus tard 😀

  • elbuchano:

    J’ai entendu dire que les pattes de poulets et d’ailleurs les restes de poulet en général servent en Europe à la fabrication des saucisse de Strasbourg . Souvent c’est écrit goût volaille sur l’emballage

  • Julien:

    Dans ma famille, en Picardie, ma grand-mère a toujours cuisinée les pattes de poulets ainsi que le cou. Elle fait d’ailleurs griller la peau des pattes au gaz. 🙂

  • MAIN:

    Qui connaît la cuisson des tarses de canard ou d’oie ou encore de poulet à la graisse d’oie ? c’est super succulent, on s’en régale dans certains restaurants du Béarn, quel dommage qu’on n’en parle pas sur les différents sites de gastronomie, mes copains et moi-même n’avons jamais trouvé cette cuisine en France à part dans le Béarn et en Bigorre ! Ceux qui ne connaissent pas et qui critiquent feraient mieux de se taire ! Quel dommage de ne pas donner de recettes sur les sites internet ! On mange de la langue de boeuf, du talon de boeuf, des escargots, de la cervelle (même de lapin ou de poulet) alors pourquoi pas des tarses ! Ceux qui auront la chance d’y goûter seront surpris et y reviendront !

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