La cave à Michel

Une bergerie perdue dans un décor alpin, pas de réseau, des jeux de société qui finissent toujours mal : "Comment tu n'as pas deviné Anne Frank quand je montrais la cheminée ??" et un cellier rempli d'une trentaine de bouteilles d'alcool fort, et nous voilà spéléologues d'un jour, partis à la découverte des merveilles peuplant cette cave providentielle. Une exploration certes périlleuse, entre les limaces fourbes et les appétissantes assiettes de mort-aux-rats bleue, mais amenant de découverte en surprise, entre liqueurs corses, eaux-de-vie alsaciennes et autres petits alcools artisanaux dont certains plus âgés que nous. Nous sommes ressortis de cette caverne d'Ali Baba la mine réjouie et avec 4 bouteilles bien intrigantes : une eau-de-vie d'alisier, une liqueur d'arquebuse, un aquavit nommé Aalborg et une eau-de-vie de céleri.

Moi lolita

Moi lolita

 

Le premier alcool goûté est une eau-de-vie de fruit d'alisier à 45% de Nusbaumer, distillerie du Bas-Rhin. Au moment du choix de la bouteille, l'alisier, un arbre de la famille des sorbiers, ne nous évoquait qu’approximativement une chanteuse, ou plutôt une chanteuse approximative. L’attrait de l'inconnu et l'étiquette en écriture cursive au charme artisanal ont orienté notre choix et le macaron médaille d'argent millésime 1986 nous a alléché autant qu'il ne nous rajeunit pas. Cet alcool est totalement transparent, mais ce qu'il n'a pas en couleur, il le gagne en arôme et goût. Son odeur est incroyablement agréable, sucrée, avec un bouquet griotte tirant sur l'amande (façon Amaretto). Quant au goût, il est plus aqueux, même si on retrouve le même genre d'arômes, et surtout marqué par l'alcool.

En joue... Feu !

En joue, feu !

 

Le deuxième alcool se nomme Arbuse, une "véritable arquebuse vulnéraire" de 43% d’Auvergne (Pagès, Puy en Velay). Là encore, le nom nous était inconnu, sauf à parler de l'arme à feu, et nous n'étions même pas bien sûrs du sens du mot vulnéraire. Il s'agit d'un alcool obtenu par macération de 33 plantes (vervaine, sauge, thym, ...), inventé par des moines au XVIe siècle pour se torcher la gueule comme remède contre les plaies (vulnéraire désigne ce qui est propre à la guérison des plaies ou des blessures) et notamment celles causées par les arquebuses, d'où son nom. Cette composition se retrouve dans l'odeur, très plante, rappelant des schnaps allemands tels le Kummerling ou le Jägermeister et les kümmel (alcool de carvi comme le Gilka testé en 2012). En bouche c'est du même acabit, entre plantes, carvi, dentifrice et Hextril vert avec un goût d'alcool marqué. Par sens du devoir, nous avons enchainé sur une autre arquebuse, très artisanale de 2004, avec un goût de plante très différent et tirant sur la cerise.

Skål

Skål

 

La troisième bouteille, Aalborg Jubilæums, est le seul alcool étranger de notre sélection, enfin si on considère l'Alsace française. Un aquavit danois mystérieux à 45%, enfin surtout parce qu'on ne parle pas la langue. Il s’avérera être un alcool d'aneth et de coriandre. Il ressemble beaucoup à un kümmel, tant par son odeur de carvi pas très forte que son goût caractéristique, avec quelques différences comme un goût un peu sucré, une pointe d'épice, et n'est pas agressif malgré la teneur en alcool.

Alcool à calories négatives ?

Alcool à calories négatives ?

 

Dernier alcool, et non des moindre, une eau-de-vie de céleri d'Alsace à 45% (Théo Preiss, Haut-Rhin), dont l'étiquette est marquée par les années. Impossible de trouver la moindre date sur cette bouteille mais la pastille "Cotisation sécurité sociale" ne doit pas dater d'hier. Malgré son grand âge supposé, cet alcool a gardé une odeur marquée et le céleri ne passe pas inaperçu. Au goût par contre, l'alcool semble diminué même s'il pique encore la langue, un peu aqueux, avec un goût flagrant de céleri et une point de carvi.

 

Verdict :

Giraf

 ★★★☆☆ 

Une telle cave a de quoi occuper un certain temps, ce ne sont là que 4 des bouteilles, un bon nombre d'autres sont toutes aussi intrigantes. Les alcools testés oscillent entre le moyen et le pas mauvais. L'alisier est certainement le meilleur avec son goût amande et fruit rouge, l'arquebuse fait trop médicament avec son goût de plante, l'Aalborg est honnête et le céleri est déroutant sans être mauvais. L'ensemble mérite un jambon d'argent et une aspirine pour la tête.

Kephy

 ★★☆☆☆ 

N'étant pas grand amateur de liqueurs, dont la teneur en alcool aliène trop souvent le goût des autres composantes, j'ai un avis relativement négatif sur ces 4 bouteilles. L'Aalborg ne s'en sort pas trop mal, avec un goût doux et fruité. La liqueur de céleri, à défaut d'être bonne, a au moins l'originalité de laisser un goût de céleri en bouche après dégustation. L'alisier, malgré son goût d'amande, n'a rien de merveilleux, et l'Arquebuse remplit certainement mieux son office sur une plaie qu'au fond du gosier. L'ensemble ne mérite pas mieux qu'une liqueur de jambon de bronze pour mon palais.

 

PS : Trouvé quelque part dans les Alpes.

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