C’est poitou les jours qu’on peut se balader dans un marais

Après l'Islande, la Russie, la Thaïlande, Cuba, ... embarquons pour une autre destination hautement exotique... le Poitou. Région ancestrale et mystérieuse abritant le marais Poitevin, zone humide et reculée alimentant toutes les légendes. Les anciens transmettent encore les plus effroyables histoires sur l'indicible horreur qu'il renferme, fruit de l'union contre nature de Shub-Niggurath et d'un ragondin. Ici les gens susurrent encore avec effroi son nom maudit : Sego.

Ph'nglui mglw'nafh Sego Poitou wgah'nagl fhtagn

Ph'nglui mglw'nafh Sego Poitou wgah'nagl fhtagn

 

Au départ rien ne nous prédestinait à découvrir les spécialités du Poitou ou de la Vendée, mais une simple erreur d'inattention changea tout. Une journée pluvieuse, la mauvaise sortie sur l'A86 et voici Kephy explorant cette région, luttant pour sa survie à travers le marais Poitevin, se taillant un chemin à travers l'angélique à la seule force de sa machette.

Les ragondins ! Ils sont à nos portes !

Les ragondins ! Ils sont à nos portes !

 

Malgré les morsures de ragondins, les moustiques et les cultistes adorateurs du beurre salé lancés à ses trousses, notre Poitou Jones réussit finalement à regagner le QG de Eat'n Waf. Las, transit de froid et en encore état de choc, il arbore néanmoins un petit sourire de satisfaction et exhibe ses trouvailles : du pâté et des rillettes de ragondins, du Poitou Cola, des roupettes du marais Poitevin, des crottes de mouette, des patates et des raisins à la Trouspinette. Tout un programme.

J'ai l'impression que vous ne me dites poitou

J'ai l'impression que vous ne me dites poitou

 

John Rambo, Dutch Schaefer ont peut-être survécu à la jungle et ses dangers mais les vietnamiens ou Predator ne sont décidément rien face au ragondin, rongeur assoiffé de sang originaire d'Amérique du Sud et introduit au XIXème siècle en Europe. Kephy a bien cru sa dernière heure arrivée quand ils ont fini par l'encercler au petit matin, mais après une bataille acharnée il s'en est finalement sorti et devant les cadavres encore fumants de ses ennemis, il a lancé : j'aime l'odeur de la rillette au petit matin. Bon, il a peut être un peu romancé son escapade, allez savoir, toujours est-il qu'il a rapporté en preuve du pâté de ragondin ainsi que des rillettes.

Fallait pas l'énerver

Fallait pas l'énerver

 

Après toutes les charcuterie testées ici-même : bison, ours ou encore grenouille, on a enfin le droit à un pâté digne de ce nom avec plus de 20% de l'animal inscrit en gros sur la boite. Le pâté se compose ici de 50% de ragondin et le reste de porc, crème, oignon et épices, quant aux rillettes, elles montent à 70% de rongeur pour 28% de graisse de canard. Des chiffres qui nous font saliver, surtout combinés au caractère artisanal de cette production de l'éleveur Eric Bruneteau. Pour ne rien gâcher les étiquettes sont très réussies, tout en lettres dorées avec un mignon ragondin à bouée car oui ce vague cousin du castor nage avec une bouée, il a laissé tombé les brassards depuis qu'il est entré au CP.

Fait rillettes à la camera

Fait rillettes à la camera

 

On aurait tellement voulu caser que ça sent le rat-gondin mouillé, pour le jeu de mot, mais même avec toute la mauvaise foi du monde, impossible de dire du mal de fumet épicé du pâté ou de l'odeur de viande / gras de canard des rillettes. Leur aspect invite à la dégustation et donne de jolies tartines, les morceaux de bouée ne se voient pas du tout. Le goût est lui aussi irréprochable. Le pâté mélange viande au goût assez fin relevée d'une bonne dose d'épices et de muscade même s'il manque sûrement un ou deux tours de moulins à poivre. Les rillettes sont plus viandes, plus juteuses et plus fillasses, une texture ... de rillettes en fait. Le goût est plus accentué que le pâté, entre les rillettes de porc et d'oie, avec une note franche de gras de canard. Ces deux charcuteries sont excellentes, justes grasses comme il faut et pas trop salées.

 

Après cette bonne dégustation salée, le Poitou Cola fait office d’intermède liquide bienvenu avant de passer au sucré. Cette boisson fait partie de ces sodas régionaux qui tentent de se faire une petite place en jouant sur la fibre chauvine et sur une recette légèrement revisitée.

Angélique marquise des ânes

Angélique marquise des ânes

 

L'Anjou Cola utilisait de la camomille, le Corsica Cola du C4, le Poitou Cola, lui, mise sur l'angélique, plante emblématique du marais. Ouf ... un instant en voyant la tête réjouie et satisfaite de Fânou, le baudet du Poitou, on a craint le pire... A priori ce soda n'utilise pas non plus l'eau stagnante du marais, ça aurait sûrement eu plus de goût avec, car là en l'état ce cola est incroyablement fade et plat, sans goût et très peu sucré.

 

Heureusement les friandises sont là pour apporter du goût et redonner le sourire : raisins dorés à la Trouspinette, crottes de mouette, roupettes du marais Poitevin et patates. Elles ont toutes été trouvées à Coulon, ville célèbre pour ses bronzes et capitale de la Venise Verte, mais on peut en trouver certaines ailleurs en Poitou-Charentes.

Raisins dorés à la Trouspinette

Raisins dorés à la Trouspinette

 

Les raisins dorés à la Trouspinette sont ... des raisins dorés à la Trouspinette. La première partie ne doit pas vous échapper (on espère vraiment) mais la Trouspinette doit certainement vous être inconnue. La Trouspinette ou vin d'épines, en un seul mot bande de pervers, est un vin aromatisé au prunellier typique du Poitou et de la Vendée. Prenez des raisins, macérez-les dans la Trouspinette, recouvrez le tout d'un bon chocolat noir 70% et voilà une délicieuse friandise sucrée, avec un petit quelque chose indéfinissable, idéale avec le café.

Rien ne vaut un petit coup de trouspinette en vacances

Rien ne vaut un petit coup de troussepinette en vacances

 

Crottes de mouette

Crottes de mouette

 

Le plus perturbant dans la deuxième friandise n'est pas son nom mais la mouette qui décore le paquet. Une mouette avec des bottes, un tatouage de marin et un bonnet... Accessoirement ces friandises n'ont pas du tout l'air de crottes de mouette mais tant mieux. Il s'agit de céréales soufflées enrobées de chocolat au lait et caramel. Les céréales apportent un appréciable croustillant et le caramel les rend très gourmandes sans être lourdes. Là encore très bon, sauf quand on tombe sur un bout de sel ... hé oui, région oblige, le caramel est salé. Au moins avec un nom comme ça, personne n'en voudra quand on en proposera et on gardera tout pour nous.

Roupettes du marais Poitvin

Roupettes du marais Poitvin

 

Les roupettes du marais Poitevin ont la taille de celles des ragondins, ont la couleur de celles de ragondins, ont le goût de celles des ragondins ... ah non Kephy ne souhaite pas s'exprimer sur le sujet et tente tant bien que mal de refouler les événements qui se sont déroulés. Ce qui se passe dans le marais reste dans le marais. Les roupettes sont composées d'une cerise Amarena confite enrobée de chocolat au lait puis de chocolat blanc. Bien plus attirantes que les roupettes du Marais de Paris. Le chocolat blanc se tient ici à carreau et ne gâche pas ces délicieuses friandises, cohabitant fort bien avec les cerises très parfumées qu'il emprisonne. Succulent mais peut-être trop sucré.

La Patate

La Patate

 

Finissons avec la Patate, une friandise plus grosse qu'une roupette et dont le nom invite au rêve. Un chocolat praliné au caramel salé (encore...) avec des petits morceaux d'amande pour donner un peu de texture, de quoi commencer à apprécier la purée. Très bon même si ces friandises souffrent de deux petits défauts : elles sont trop massives et du coup autant de chocolat praliné devient presque écœurant, et le caramel se sent bien et n'éclipse pas le chocolat mais est par contre bien trop salé.

 

Verdict :

Giraf

 ★★★★☆ 

 ★★☆☆☆ 

 ★★★★☆ 

Donner une note globale n'est pas très représentatif tant l'ensemble des produits est différent. Pâté et rillettes s'en sortent haut la main avec un jambon d'or de ragondin et ont fait notre régal à l'apéro. Le Poitou Cola est lui plus qu'oubliable et ne mérite qu'un piètre jambon de bronze. Quant aux friandises elles oscillent du demi jambon de platine pour les roupettes au jambon d'argent pour les patates et méritent en moyenne un bon jambon d'or. Au final ça valait le coup de sacrifier Kephy en trafiquant son GPS.

Kephy

 ★★★½☆ 

 ★★☆☆☆ 

 ★★★★½ 

Je devrais en vouloir à Giraf pour ce piège, mais les produits rapportés après ce combat sans merci valaient finalement le détour ! Le pâté très doux et au goût de muscade, et les rillettes plutôt classiques font un très bon apéro, le goût du sang versé ne semblant pas altérer les produits. Le Poitou Cola est absolument sans intérêt, mais on se console avec ces délicieuses friandises. Les raisins à la Troussepinette remportent la palme, les crottes de mouettes étant pour moi un ton en dessous du reste. Au final, des notes diverses mais le souvenir impérissable de la résignation dans les yeux de ces ragondins de malheur.

 

PS : Trouvables à Coulon.

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