Au bouleau

Arrivé à cette date, tout le monde doit être rentré de vacances, même les deux-trois petits malins qui décalent leur retour pour éviter le cortège de "bonne année" plus ou moins ... pas sincères du tout. C'est pareil pour tout le monde. Même nous on se remet au boulot, ou plutôt au bouleau avec ce premier test de l'année qui porte sur deux alcools islandais au bouleau. La reprise va être dure, surtout demain matin avec la gueule de bois, au moins ça reste dans le domaine forestier.

Le bouleau c'est la santé

Le bouleau c'est la santé

 

 

Le bouleau est aux islandais ce que l'érable est aux canadiens, un arbre emblématique qui retrouve un peu partout comme dans le sirop de bouleau, savons ou encore remèdes de grand-mères. Bon, il faut dire que côté choix, les islandais étaient assez limités car c'est un peu près le seul arbre dont ils disposaient, et c'est toujours plus classe que la mousse à la con, qui est une vraie horreur en infusion soit dit en passant. Les inuits ont des dizaines de mots pour désigner la neige, et a priori assez peu pour les bilboquets. Les islandais ont eux beaucoup de noms pour désigner leur arbre préféré, et là encore très peu pour les bilboquets. Pour la neige, on ne sait pas mais on peut raisonnablement penser qu'ils en voient suffisamment souvent pour lui trouver quelques petites appellations. Parmi les noms du bouleau, on trouve Björk et Birkir, qui sont justement les noms des deux alcools testés.

 

Sons of a birch

Sons of a birch

 

En Islande on trouve principalement deux essences de bouleau, le Betula Nana, bouleau nain, en islandais Fjalldrapi et le Betula Pubescens, ou Ilmbjörk. Dans le reste de l'Europe, on retrouve aussi du Betula Pubescens, en compagnie d'une autre espèce très commune, le bouleau verruqueux, et plus au sud, au Portugal on trouve le bouleau de chiotte, dont c'est un peu la spécialité. Pour ses alcools, la distillerie Foss a préféré le Betula Pubescens, haut de 10 à 20m plutôt que le bouleau nain qui lui fait environ 1m. Un choix courageux, surtout quand il monter en haut de la grande échelle, mais motivé avant tout par son goût unique et très apprécié. Pour ne rien gâcher le bouleau a aussi un tas de vertus : fortifiant, purifiant, revigorant, ... ne dit-on pas le bouleau c'est la santé ? On lui attribue même des propriétés bénéfiques sur la peau, les cheveux et même sur la libido, une information qui ne laisse pas de bois. Birkir, pour être dur comme un tronc.

 

Birkir et Björk sont les deux uniques produits de la petite distillerie Foss, située à Mosfellsbæ près de la capitale, Reykjavík. Rien qu'à son nom on s'attend à ce que ses alcools soient délicieux, car tout ce qui est magnifique en ce monde s'appelle Foss : Hafragilsfoss, Dettifoss, Selfoss, Goðafoss, Gullfoss, Hjálparfoss, Seljalandsfoss, Skógafoss, Svartifoss, Gudufoss, Fos-sur-Mer, Foss Sceptique, .... ah ben non en fait. Foss est simplement le mot islandais pour chute d'eau. Les bouleaux utilisés, proviennent de Hallormsstaður, une de plus grandes forêts, située à l'est du pays, sur les rives du grand lac Lögurinn, juste à côté d'Egilsstaðir, la plus grande ville de l'est et ses ... 2200 habitants.

 

Magie, le liquide reste à la verticale !

Magie, le liquide reste à la verticale !

 

Ces alcools ne sont en fait pas à proprement parlé de bouleau, mais des alcools distillés de grain, comme la vodka ou le gin, préparés et aromatisés avec du sirop ou de l'eau de bouleau récoltés au printemps. Une jeune branche infuse aussi dans les bouteilles, et donne un charme naturel et chaleureux, complété à merveille par les étiquette aspect écorce de bouleau très réussies.

C'est bien c'est beau, c'est Björk

C'est bien c'est beau, c'est Björk

 

Björk est la moins forte des deux boissons mais ses 27,5% sont largement suffisants pour se réchauffer au coin de feu en hiver. Il s'agit d'une liqueur au sirop de bouleau, à consommer telle quelle en digestif, allongée à l'eau gazeuse ou au soda à l'apéritif ou encore comme composant d'un cocktail. Le site de la distillerie propose quelques recettes comme le Lord Hinchinbroke Fizz : 5cL de Björk (et non 5 minutes ce qui serait trop), 15cL de vermouth (Antica Formula) et 10cL de champagne. Björk a une odeur très boisée, ce qui est somme toute normal, et est d'une chaleureuse couleur caramel cuivrée. En bouche, le goût est bien sucré et sirupeux, liqueur oblige, et fortement boisé. Le bouleau est très marqué sans être agressif, adouci par le sucre, et le tout finit sur une note d'alcool réchauffante. Doux, savoureux et très harmonieux, il se boit très bien pur mais comme souvent avec les liqueurs sucrées, on a plus envie de le réserver aux cocktails.

 

Jane ?

Jane ?

 

Birkin est quant à lui plus costaud, avec 36%, et forcément moins sucré. Il s'agit d'un schnaps aromatisé au bouleau d'une belle teinte caramel foncé, plus enclin que la liqueur à être servi on the rocks à l'apéritif. Malgré cela, on peut aussi le mixer avec du tonic ou tenter un audacieux cocktail boisé comme le Reykjavik Mule : 6cL de Birkin, de la bière de gingembre (ginger beer), et 2 morceaux de gingembre frais, ou encore le T-9 : 4cL de Birkin, 2cL de thé Earl Grey fort, 1,5cL de triple sec, 1,5cL de limoncello, 2,5cL de jus de citron frais et un peu de miel. Sans surprise, ce schnaps sent plus l'alcool tout en restant boisé et il est plus vigoureux en bouche sans être trop corsé avec une finale plutôt sèche. L'alcool est plus présent, surtout dans les premières notes, avant que le bouleau ne s'impose plus. Un délice.

 

Verdict :

Giraf

 ★★★½☆ 

A la base je cherchais surtout à rapporter un produit local et à écluser mes dernières couronnes islandaises avant de reprendre l'avion. Je ne pensais pas tomber des alcools aussi bons. Si on aime les alcools très boisés et le goût délicat du boulot, on est servi. N'étant pas trop porté sur les alcools sucré, j'ai plus apprécié le schnaps mais la liqueur est elle aussi très bonne. Les grosses bouteilles sont malheureusement très chères au Duty Free et absolument prohibitives dans les  Vínbúð (seuls magasins d'alcool autorisés) mais on peut toujours se consoler avec les mignonnettes de 5cL beaucoup plus abordables. Björk et Birkin arrivent largement en tête de mon podium des alcools islandais, devant le typique brennivín, le déconcertant schnaps de mousse, et le bitter Lava filtré dans la lave, et méritent bien leur demi jambon d'or.

Kephy

 ★★★★☆ 

Etant pour ma part amateur de liqueurs sucrées, la Björk a trouvé sa place dans mon cœur. Très bonne, avec un goût boisé et une force mesurés sur toute la longueur de la dégustation, cette liqueur est un délice. La Birkir est plus forte, avec une fin boisée, mais le goût est moins original que celui de la Björk. L'ensemble mérite tout de même un jambon d'or !

 

PS : Trouvé à l’aéroport de Keflavík, environ 10000 ISK (70€) le coffret de 2 bouteilles de 50cL.

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