Qui a la plus grosse ? Partie 2

Dans la série mieux vaut tard que jamais voici la deuxième partie de notre série spécial gros calibre. Désolé pour nos lecteurs fripons, il ne s'agit pas d'attribut masculin, mais de bière, ... quoiqu'en y réfléchissant ça pourrait être catégorisé dedans. La première partie, qui remonte presque au début de Eat'n Waf, était consacrée à la Tactical Nuclear Pinguin une bière a "seulement" 32%. Pff la petite joueuse, cette fois-ci on tape dans le sérieux avec 41%, un nombre plus caractéristique du whisky que de la bibine.

Bière de destruction massive

Bière de destruction massive

 

Répondant au paisible nom de Sink the Bismarck ! (coulez le Bismarck pour les non anglophones), point d'exclamation inclus, cette Imperial IPA a été conçue par Brewdog lors de la grande guerre de la bière la plus forte au monde, une lutte sans merci (ni au revoir) qui a opposé principalement l'Allemagne au Royaume-Unis, enfin Schorschbräu à Brewdog. Au plus profond de l’Allemagne, les mangeurs de saucisses ont mal digéré la défaite de leur Schorschbock ridiculisée par un tout petit pourcent de plus par la Tactical Nuclear Pinguin de Brewdog (31% contre 32%), et ont ourdi leur vengeance.

 

En représailles, ils ont décidé non pas de balancer des V2 cette fois-ci, mais de tuer d'un coup de pelle l'innocent pingouin, dans le dos en plus car l'allemand est fourbe, et de récupérer le titre avec une Schorschbock à 40%. Oui le même nom que la 31%, car l'allemand manque cruellement d'imagination, d'ailleurs ils s'appellent tous Hans ou Wolfgang, c'est bien la preuve ! Face à cette agression inqualifiable, les écossais ne pouvaient que répliquer et couler le Bismarck, cuirassé pingouin-proof fleuron de la marine allemande, grâce à leur arme secrète : la Sink the Bismarck ! (encore une fois à un tout petit pourcent de plus).

La suite ? Une Schorschbock à 43%, contrée par la End of History à 55%, parce que bon hé ho ça suffit, on ne laisse pas les allemands gagner une guerre, question de principe. Depuis la bière a coulé sous les ponts et le titre est aux mains d'autres écossais, Brewmeister et leur Armageddon à 65%.

Frapper un enfant à la tête avec une saucisse au poivre, ÇA c'est marrant !

Frapper un enfant à la tête avec une saucisse au poivre, ÇA c'est marrant !

 

Une question vous taraude sûrement depuis le début :  mais comment fait-on pour atteindre ces degrés d'alcool dans des bières ? Bonne question et je vous remercie de ne pas m'avoir interrompu pendant mes radotages guerrier. Il faut savoir que la levure, organismes responsables de la fermentation, ne survie qu'à 20% max d'alcool. Donc en théorie les bières ne peuvent pas monter au dessus par voie classique (encore que Brewdog a réussi à atteindre les 28% uniquement par fermentation : la Ghost Deer). Certes on peut distiller la bière mais ça ne sera plus de la bière. La technique est tout autre et utilisée des Allemands depuis très longtemps pour les Eisbock : le fractionnement par congélation. La bière est partiellement congelée,  l'eau qui gèle peut être retirée et le liquide restant est alors plus concentré en alcool. La Sink the Bismarck ! est obtenue à l'issue de quatre phases de congélation.

Les héritiers de Churchill peuvent ils demander des royalties ?

Les héritiers de Churchill peuvent-ils demander des royalties ?

 

Passons sur l'esthétique très discutable de l'étiquette rouge/bleue, la bouteille n'a pas parcouru 1025 km et 850m à vol d'oiseau pour rester bêtement fermée. L'odeur puissante annonce la couleur, on va en prendre plein le nez et plein les papilles, pour les parkinsoniens ajoutez plein le pantalon à la liste. On retrouve pêle-mêle un fort arôme grillé, une odeur de café, un zeste de chocolat noir, un côté whisky très marqué par le bois et elle rappelle aussi le caramel concentré, la colle ainsi que les résineux, elle semble avoir en outre une pointe d’âcreté en fin. Le moins que l'on puisse dire c'est que c'est intense, et même si ça m'est agréable, je doute que ça soit au goût de tous.

La robe d'un ambré soutenu avec des reflets cuivré n'est pas aussi foncée qu'on pourrait penser au vu de  la concentration mais est par contre assez trouble.

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Même versée dans le verre sans délicatesse comme un poivrot de bas étage (ce que je ne suis pas, j'habite au troisième), elle mousse très peu. La bière est légèrement sirupeuse et elle semble même un poil visqueuse. Le goût est extrêmement riche et intense, et même sans ses 41% on ne pourrait pas la boire rapidement tant elle imprègne la bouche. Le liquide commence par picoter la langue, sûrement à cause de l'alcool, et est légèrement acide. Puis enchaîne sur des tons boisés et maltés avec une pointe d'orange. Vient ensuite un fort goût de houblon cumulé avec du pain grillé, du caramel et du pin pas grillé. Le houblon et l'amertume se font alors de plus en plus ressentir, et c'est d'ailleurs le cadeau que cette bière laisse incrusté dans la langue, le palais et au fond de la bouche en partant.  Aussi étrange que cela puisse sembler, elle est très bien équilibré et le goût d'alcool n'est pas si présent. Rien au goût ne laisse penser qu'on boit du 41%, mais on échappe pas aux conséquences et ça tourne très vite la tête.

Cette bière, si on peut encore la qualifier comme telle, est vraiment très appréciable et elle ne risque pas de finir dans l'évier (les anglophiles comprendront).

 

Verdict :

Giraf

 ★★★★☆ 

Je ne sais pas si mes goûts évoluent, mais j'ai beaucoup plus apprécié la Sink the Bismarck ! que sa sœur la Tactical Nuclear Pinguin. J'aime son goût riche, très malté et très houblonné et le fait que le goût d'alcool ne prend pas le pas sur le reste, ce qui était une de mes grandes craintes. Une bière bien équilibrée donc, et son seul défaut à mes yeux est son prix digne d'une bouteille 75cL de pur malt écossais. Elle mérite bien un jambon d'or.

Kephy

 ★★☆☆☆ 

Je sais que mes goûts évoluent, puisque j'arrive maintenant à apprécier la bière, ce qui n'était pas encore vraiment le cas à l'époque où j'avais goûté la Tactical Nuclear Pinguin, mais ça n'a pas suffit à rendre la Sink the Bismarck supportable. Si l'odeur est presque agréable, commençant par de l'alcool parfumé avant de passer par le miel et le fruité, la consistance sirupeuse et le goût agressif et acide sont vraiment désagréables. On notera cependant qu'on ne sent pas la force de l'alcool, peut-être masquée par l'intensité du goût. Un jambon d'argent pour la performance dans la réalisation, qui descend à un jambon de bronze tant le résultat n'est pas à la portée de mon palais.

 

PS : trouvable (parfois) sur la boutique de Brewdog, dans les 40£ la bouteille de 33cl.

PS² : alors qu'une bière basique blonde pas bonne de 33cL tourne aux alentours de 150kcal, pour la même quantité, la Sink the Bismarck en procure 8 fois plus : dans les 1250 !

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